Category: Bien-être

La pédagogie du bien-être ça existe ?

Peut-être qu’on tient quelque chose…

Depuis l’année dernière nous travaillons beaucoup autour de nos émotions, nous les exprimons, nous les manifestons, nous apprenons à les gérer. Nous avons une palette d’outils que nous avons testés. Quel est le lien avec le bien-être ?

Lorsque l’émotion d’un enfant (et d’un adulte) est accueilli, lorsqu’elle est exprimée et qu’on la considère pour de vrai, on se sent beaucoup mieux parce qu’on se sent en confiance, en sécurité et respecté dans notre individualité. Ajouté à cela un bon petit mélange d’activités qui lorsqu’elles sont associées sont un vrai « cocktail bien-être ». Lisez ci-dessous !

 

Des activités de coopération

Maîtresse en a eu marre de montrer des jeux au sein desquels il y a un perdant, un gagnant, une course, on est en compèt’ et personne n’est content ni ceux qui perdent ni celui qui gagne. En plus, il faut savoir que les enfants sont câblés pour s’entraider, être empathiques et coopérer donc les faire jouer à des jeux compétitifs va presque à l’encontre de leur nature. Et nous assistons souvent à des déceptions énormes, des incompréhensions presque. Donc, bref, j’ai sélectionné une palette de jeux coopératifs et franchement c’est le jour et la nuit en termes d’ambiance. Et on a même un créneau jeux coopératifs en motricité ! C’est génial ! On prend plaisir à jouer ensemble et on développe les compétences sociales et coopératives. Un régal ! Clairement, ça impacte considérablement le climat de classe de manière positive !

Réveil corporel

Avant de commencer la classe, on réveille notre corps (et notre mental !). Étirements, bâillements et stretching pendant le regroupement et c’est très efficace pour entrer dans les apprentissages en douceur. Avant, je le faisais en milieu de matinée ou après chaque récréation pour se recentrer, sauf que je me suis rendue compte que certains enfants arrivent à l’école alors que cela ne fait que 15 minutes qu’ils sont levés, ils ont englouti un p’tit dèj’ et on leur demande d’être direct opérationnels, attentifs, calmes et actifs, un peu rude quand même. Donc avant d’entrer dans les apprentissages, rien de tel qu’un petit réveil pour prendre soin de soit, réaliser que l’on est à l’école, préparer le cerveau à la journée qui va suivre. Et selon moi, c’est aussi un apprentissage !

Yoga

On en faisait déjà l’an dernier, on poursuit, on approfondit ! Une fois par semaine. Le yoga permet de travailler une foule de compétences motrices : prise de conscience du schéma corporel, équilibre, explorer différentes façons de se mouvoir en modifiant les appuis habituels, coordonner ses mouvements… Les enfants apprennent à se recentrer et utilisent parfois certaines postures à d’autres moments de la journée pour canaliser l’énervement ou l’excitation.

Boîte à bonheurs !

On a recyclé la boîte à bonheurs ! Chaque semaine, librement, les enfants postent un « Petits bonheurs », c’est un message qu’ils ont envie d’adresser à un copain, à un adulte ou à l’ensemble de la classe. Quel type de message ? Pour les enfants qui savent déjà encoder, ils écrivent des mots type « Merci » « Je t’aime »… Pour ceux qui ne produisent pas encore d’écrits, ils dessinent et viennent commenter leur dessin devant la classe. Les petits bonheurs sont lus tous les vendredis en fin d’après-midi. Un vrai cérémonial car l’assistant doit plonger sa main dans la profonde boîte à bonheur et découvrir les petits messages qui s’y sont glissés ! Ces petits messages de gratitude participent aussi à créer une ambiance agréable où l’on met en valeur les petits mots doux plutôt que les gros mots ! 

Massages

Une fois par semaine, session massage pour tous ! Par deux, les enfants apprennent à se masser le dos et le visage. On apprend à entrer en contact avec l’autre, à prendre soin de l’autre. C’est vraiment un moment de réelle détente ! Un vrai bonheur !

Quand la musique est bonne… pour le cerveau

C’est Jean Jacques GOLDMAN qui avait raison : quand la musique est bonne, bonne, bonne, bonne, quand la musique donne, donne, donne, donne ! Ça fait du bien au cerveau ! L’écoute et la pratique musicale renforcent la plasticité cérébrale à tous les âges, et stimulent les circuits de la récompense ! Et oui !

 

Si la musique adoucit les mœurs, ses effets vont bien au-delà. Depuis l’Antiquité, elle occupe une place à part, et ce dans toutes les sociétés et religions. Mais, depuis quelques années, «on est passé d’une pensée magique à un vrai savoir scientifique sur ses bienfaits, et cela, à chaque extrémité de la vie »,  c’est Emmanuel Bigand, directeur du Laboratoire d’étude de l’apprentissage et du développement (LEAD, CNRS) à l’université de Bourgogne et coordinateur de l’ouvrage Les Bienfaits de la musique sur le cerveau qui l’atteste.

Outre ses effets sur la santé, la douleur, la musique est également un puissant stimulant cognitif et cérébral.

D’abord chez le bébé, des études ont montré qu’elle agit comme un neurostimulant. Il mémorise les œuvres musicales in utero et peut même les reconnaître un an après sa naissance. Emmanuel Bigand coordonne actuellement une étude financée par la Fondation de France, en collaboration avec la Philharmonie de Paris, chez des nourrissons à partir de 3 mois et suivis durant leurs trois années de crèche à Dijon et à Paris. Lors d’ateliers d’environ quarante minutes, ils sont initiés au son et au rythme deux fois par semaine et encouragés à participer. Les séances sont filmées et décortiquées par Emmanuel Bigand. « Les bébés ne parlent pas encore, mais ils chantent déjà. »

 

 « Effets socio-cognitifs »

Sans conteste, la musique est un moyen de capter leur attention et de créer une communication. Certains se lèvent, se synchronisent avec le rythme. « La musique met en place des schémas mentaux (macro-stimulus) qui permettent une meilleure appréhension du langage, de la lecture, et plus tard des facilités au cours préparatoire, on parle d’effets socio-cognitifs », poursuit Emmanuel Bigand.

 

Comment vous expliquer ça ? Les découvertes les plus récentes montrent que la musique modifie les processus biochimiques du cerveau en renforçant la plasticité cérébrale. Ainsi, les violonistes ont un cortex moteur très développé dans l’hémisphère droit avec un plus grand nombre de synapses, car ils sollicitent beaucoup leur main gauche. Les pianistes présentent ce développement dans les deux hémisphères, en lien avec chaque main.

« La musique serait aussi capable d’optimiser la synchronisation entre populations neuronales, c’est-à-dire l’aspect rythmique de l’activité cérébrale, et permettre ainsi une meilleure communication et anticipation du flux d’information », explique Daniele Schon, directeur de recherche à l’Institut de neurosciences des systèmes (Inserm).

 

Antirouille

La pratique musicale permet en effet « aux aires auditives et motrices notamment de mieux communiquer entre elles », poursuit le chercheur, également violoncelliste. Ses études ont montré qu’un enfant ayant des troubles du langage arrive à mieux reproduire une phrase lorsqu’elle est précédée par un rythme. Il va aussi être plus performant sur les tâches grammaticales. Daniele Schon compare la musique à de l’antirouille, un peu comme si on remettait de l’huile dans le moteur.

« L’apprentissage de la musique sculpte le cerveau par différents mécanismes physiologiques, en termes de densité de neurones et de connexion entre eux, via les axones », explique Isabelle Peretz, titulaire d’une chaire de recherche en neurocognition de la musique à l’université de Montréal, l’une des premières à avoir travaillé sur le sujet et auteure du livre Apprendre la musique. Elle a fondé au Canada, en 2005, le Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son qu’elle dirige.

Dans le même pays, les travaux de Glenn Schellenberg, professeur de psychologie à l’université de Toronto, indiquaient déjà en 2010 que la pratique de la musique par de jeunes enfants permettait de développer plus rapidement leur quotient intellectuel (QI).

 

Amélioration des compétences scolaires

Durant trente-six semaines, il a étudié 144 élèves âgés de 6 ans, pas encore scolarisés en primaire et suivant des cours de piano et de chant au conservatoire. Ces derniers ont vu leur QI progresser plus rapidement que celui des enfants qui n’ont pas suivi de cours de musique. Pour Glenn Schellenberg, « la musique aide les enfants à réfléchir, en les soumettant à de longues périodes de concentration, d’entraînement et de mémorisation ».

Ainsi les enfants qui font de la musique voient-ils leurs compétences scolaires s’améliorer. « L’apprentissage de la musique ne devrait-il pas être obligatoire à l’école ? », questionne Isabelle Peretz, à l’instar de la Suisse qui a décidé, en 2012, d’inscrire l’éducation musicale dans la Constitution en tant que droit fondamental de chaque enfant.

Une étude de l’Institut Montaigne, conduite en 2010 sur 470 élèves de collège, avait évalué l’impact des orchestres à l’école. Les résultats montraient que cela influençait de manière positive l’évolution de la moyenne générale ainsi que la note de vie scolaire.

Cette expérimentation a également un impact positif sur le développement des capacités non cognitives, comme l’ambition des élèves et leur attitude à l’égard de l’école. Les effets sont également visibles sur les compétences sociales. Ainsi, une récente étude publiée dans Plos One a montré que les enfants qui jouaient du ukulélé avaient une meilleure intelligence émotionnelle, étaient plus collaboratifs… Des bébés de 18 mois qui pratiquent la musique vont être plus enclins à aider leurs parents (à ramasser un objet par exemple) et ont une meilleure motricité.

« Un plaisir qui n’a pas d’égal »

Les études sont très nombreuses à l’autre extrémité de la vie. A un âge avancé, même lorsque les capacités cognitives sont altérées, la musique parvient à réveiller la mémoire et les émotions. En somme, « nous sommes convaincus en tant que scientifiques que l’activité musicale est au cœur de la sphère cognitive », assure Emmanuel Bigand. Confirmant ce que disait Platon : « La musique donne une âme à nos cœurs, des ailes à la pensée, un essor à l’imagination. »

Une chose est sûre, plus vous pratiquez, plus vous bénéficiez de ces effets, qui sont moindres si vous en écoutez, même si les bienfaits existent. Car « la musique procure un plaisir qui n’a pas d’égal (…). La recherche a pu démontrer récemment le lien entre l’euphorie suscitée par la musique et la sécrétion de dopamine dans le noyau accumbens, structure connue des circuits de la récompense », écrit Isabelle Peretz.

« Il serait temps que les gouvernements s’emparent du sujet », lance Daniele Schon, qui réfléchit à rédiger un manifeste scientifique, tout comme Isabelle Peretz au Québec. En France, le ministère de l’éducation nationale a lancé fin 2017 un plan pour créer un enseignement facultatif de chorale dans chaque école. 

C’est déjà une sacrée avancée !

Dans ma classe, pour l’heure, on écoute beaucoup de musique. En permanence, ça pose l’ambiance, ça pose les enfants, ça met en joie !

Alors, dansons maintenant !

Couple d'enfants qui danse
Petite fille qui saute
Couple d'enfants qui danse

Réveil corporel pour mieux apprendre

Réveiller son corps pour le rendre plus disponible, une donnée à prendre en compte lorsque l’on accompagne les enfants dans leurs apprentissages. Le corps de l’enfant parle lorsque son cerveau n’est pas disponible : position avachie ou au contraire en mouvement constant de manière inhabituelle, les yeux dans le vague ou au contraire une attention tournée vers autre chose que ce que l’on propose…

Étirement enfant
Réveil corporel enfant

Comment faire ?

Peut-être que la mise en mouvement du corps est justement une des clés pour recentrer l’attention. C’est en tout les cas ce que l’on constate en classe: activer ses mains avant l’écriture; s’étirer et bailler de tout son long avant d’activer son cerveau; respirer, souffler, se concentrer sur son corps pour s’apaiser après une importante activité physique…

Et de notre côté, petite vidéo qui montre notre réveil corporel tous les matins. Dans nos rituels matinaux ou même lorsque l’on est en transition d’une activité à une autre, une petite séance d’auto-massage, de réveil corporel permet de recentrer tout le monde, un moment de détente, un temps où l’enfant peut bailler, s’étirer et mobiliser son attention sur lui-même, son corps, donc se recentrer.

On constate qu’après ce temps là, les enfants sont plus réceptifs.