Category: Autonomie

Comment favoriser l’autonomie de nos élèves dans nos classes et nous détendre par rapport à tout ça ?

Ici, peut-être quelques clés, pistes de réflexions pour installer les conditions favorisant l’autonomie de tes élèves et une meilleure qualité relationnelle avec eux.

Mais l’autonomie pourquoi faire ?

  • Parce que c’est… vital ! Juste ça…
  • Parce que c’est au programme ! si, si, compétence 7 du socle commun !
  • Parce que c’est juste génial de participer à réduire l’inégalité des chances, non ?
  • Parce que c’est notre mission !

Rien que ça ! ça met la pression quand même un peu… 

Et puis en plus, l’autonomie revient sans arrêt dans les conversations de profs comme des petites perles cachées dans de grosses huîtres du genre : « Non mais ils sont au CM1 et même capables de savoir avec quel stylo on écrit ! Aucune autonomie. » « Je leur fais écrire dans l’agenda  « revoir la leçon » mais tu crois qu’ils le font, franchement ils ne sont pas autonomes. »  « Cette année, mes CM2 ça va le niveau mais par contre l’autonomie c’est pas ça du tout. »

Et du coup ? Comment faire ? Y a-t-il des animations pédagogiques là-dessus ? euh… Comment on peut la mettre en place ? Et si je veux garder un œil sur mes élèves ? Et si je ne veux pas que ce soit le gros bazar ? Et si les élèves bossent tout seuls, je sers à quoi en fait ?

C’est normal que tu te poses toutes ces questions tant que tu n’as pas fait de test.

Alors reprenons, l’autonomie c’est dans toutes les conversations, elle est omniprésente et elle fait super peur. Mais pourquoi fait-elle si peur? Parce que tu as peur que tes élèves brassent du vent ?  Parce que tu as peur du jugement de tes collègues ? Parce que tu as peur de ne plus rien maîtriser ? Parce que tu as peur de te lancer ? Leur laisses-tu seulement l’occasion de se lever librement juste pour aller jeter un papier à la poubelle ? Est-ce que tu leur as dit avec quel stylo écrire parce que peut-être qu’ils ont juste envie de te faire plaisir et d’être au clair avec tes attentes ? … 

Donc ce n’est pas si facile d’agir sur cette peur…

Et en même temps si on était accompagnés dans cette démarche, on est d’accord, ça faciliterait les choses et on ne serait pas en train de culpabiliser derrière son PC.

Donc ici, je vais te donner quelques pistes de réflexion pour repenser les choses parce que je n’ai pas non plus la science infuse, c’est juste que depuis le début de ma carrière je ne vois pas comment travailler autrement qu’en fonctionnement dit « autonome » surtout avec des élèves de REP que j’ai eu pendant 8 ans. Donc j’ai testé beaucoup de choses, j’ai beaucoup lu, j’ai eu des échecs aussi, beaucoup de remise en question mais j’en ai retiré quelques impondérables sans que ce soit encore une fois des recettes miracles.

Donc  ici juste pour poser le problème, peut-être inspirer et au mieux mettre un grand coup de chalumeau sur les pratiques poussiéreuses, transmissives, ennuyeuses pour nous comme pour les élèves. 😉

  1. Par rapport à la peur… quelques proverbes que j’aime bien pour permettre de regarder nos peurs autrement :

« Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre. » Marie Curie (en plus, c’est une femme et scientifique !)

« La peur est inévitable, je dois l’accepter, mais je ne dois pas la laisser me paralyser. » Isabel Allende (une femme aussi !)

Donc ne restons pas paralysés, sclérosés dans nos pratiques ancestrales juste parce que l’on a peur que les élèves brassent du vent, que les élèves n’apprennent pas, que les élèves mettent le bazar. Néanmoins, prenons du recul pour baliser le terrain et poser le cadre pour éviter que toutes nos peurs se réalisent sous nos yeux.

  1. L’autonomie n’est pas innée ! Tu savais ça ? Nous avons notre carte à jouer, nous, adultes, dans le processus d’autonomisation des enfants ! si, si ! Ce n’est pas inné mais c’est vital. C’est aussi le moteur de la motivation et donc de l’apprentissage. L’autonomie révèle aussi plusieurs facettes, il y a l’autonomie matérielle, spatiale, affective… et tu peux t’appuyer sur ces facettes pour construire les piliers de l’autonomisation ! Déjà tu as une bonne piste à creuser ici.
  2. Observe la classe, dans quel environnement évoluent les élèves ? Est-ce que tout est à portée de main ou est ce qu’ils doivent tout te demander ? Est-ce que tout est dans des casiers nominatifs repérables ou en hauteur ? De quoi les élèves ont-ils besoin ? Ont-ils des activités annexes ? Ont-ils la possibilité d’aller d’un pôle à l’autre ? Y a-t-il des points ressources dans la classe ? Ont-ils la possibilité de travailler en groupe ? de s’isoler peut-être ? … Il y a un gros travail à faire sur l’espace, l’environnement, que l’on soit au cycle 1 ou au cycle 3. Le premier pilier c’est l’autonomie physique, matérielle, temporelle qu’il faut repenser.
  3. Et le cadre ? Autonomie ne veut pas dire laxisme. Bien au contraire, il y a beaucoup de règles, d’attitudes et de protocoles dans les classes autonomes ; j’aime appeler ça « charte » parce que justement la classe ne peut pas se transformer en gros bazar. Mais du coup, quelles sont tes attentes à toi ? Quelles sont les attentes de tes élèves ? Il faut se poser, prendre le temps, les définir, les faire évoluer. Les règles de vie ne se font pas à la va vite le premier jour de classe, ça, ça ne marche que dans un fonctionnement routinier, monotone et rigide. Mais si tu veux sortir de ce fonctionnement, libère la parole, la tienne et celle de tes élèves, les attentes doivent être claires et ça prend beaucoup de temps de réfléchir là-dessus mais ce n’est pas du temps de perdu bien au contraire ! Rassure-toi ! Et en plus tu travailleras le langage oral, c’est tout bénef’ pour les élèves !
  4. Tes attentes ? Parlons-en… tes attentes dans l’attitude mais également en termes d’objectifs. Est-ce que tu tiens au courant tes élèves du pourquoi de tel exercice, du comment de telle procédure ? Est ce qu’ils savent qu’il y a des compétences à acquérir ? Est-ce que tu leur montres ? Est-ce que tu leur lis ? Est-ce que tu les décortiques avec eux ? C’est ce qu’on appelle la métacognition… et c’est fondamental. Transparence ! Et en plus on travaille le sens d’être ici, à l’école.
  5. Comment peuvent-ils travailler ? Seul, en binômes, en groupe, en grand groupe ? Est-ce que le « bavardage » est interdit ou bien ils ont justement le droit de s’aider pour coopérer ? Tu leur appris à s’aider ? C’est-à-dire à apprendre à l’autre sans lui donner la réponse ? Parce que ça non plus c’est pas inné et en plus c’est tellement plus facile de donner la réponse toute faite sauf que c’est tellement moins enrichissant… ça prend du temps ça aussi mais tu ne le perds pas tu le gagnes ! Et tu leur fais un beau cadeau, ils sauront coopérer !
  6. Et des projets ? Tu en as ou pas ? Tu en a à toi ou bien tu as suivi les élèves dans les leur ? Tu leur as imposé un projet que tu as ficelé avec tes collègues entre deux cafés ou bien tu as écouté tes élèves attentivement et tu t’es exclamé: « Mais oui Tom ! c’est une bonne idée ça de savoir si les mouches ont un cerveau ! On pourrait étudier les mouches, super ! » ? Crois-tu que les projets que tu imposes ont un impact plus fort que celui que Tom et ses copains sont venus t’amener sur un plateau ? Perso… je pars étudier les mouches avec Tom, c’est beaucoup plus rigolo, tellement plus enthousiasmant, on va bosser la démarche scientifique, il y aura du langage, des math, des sciences, des arts visuels, peut-être même de l’histoire et de la musique en poussant un peu et Tom et ses copains seront hyper motivés d’en savoir plus sur les mouches puisque c’est leur question du moment… Pas folle la guêpe ! euh… la mouche !
  7. Est-ce que c’est toi qui fais tout dans ta classe ou tu laisses les élèves prendre les choses en main ? Pour de vrai ? Ont-ils des responsabilités ? Et allons plus loin… Est-ce qu’ils se sentent chez toi ou chez eux ou chez vous? … je te laisse en réflexion là-dessus.
  8. Et toi, du coup, c’est bien beau mais tu fais quoi pendant qu’ils travaillent en groupe, qu’ils s’auto gèrent, qu’ils ficellent leur propre projet, qu’ils regardent des mouches pour les étudier (en prime !) ? Bein… euh… tu vas prendre un café… nooon, je blague… tu es en train d’avoir un nouveau rôle. Un rôle de guide, de facilitateur, d’entraîneur. Tu vas aider, tu vas vérifier, tu vas encourager, tu vas évaluer, tu vas kiffer !!!! Kiffer ton métier ! Kiffer tes élèves ! 
  9. Et si c’est la panique à bord ? Si tu débutes c’est normal, on ne devient pas facilitateur des apprentissages en un jour ni même peut-être en quelques mois, un accompagnement est peut-être nécessaire et il ne faut pas hésiter avant d’aller au burn-out. Sinon, c’est peut-être qu’il y a un verrou qui bloque encore, il faut étudier la question de plus près. Ou bien, c’est que tu as besoin d’être un peu accompagné.
Petite fille faisant un câlin à son papa
Petite fille faisant un câlin à sa grand-mère
Petite fille faisant un câlin à sa maman